St Eloi

L’église Saint-Eloi, située à proximité de la Place Jean Bart au centre de Dunkerque, porte de nombreuses strates de l’histoire du Moyen-Âge à nos jours. Les premières traces de sa construction datent du XVème siècle, mais un grand incendie de guerre la détruisit en 1558 : seul le beffroi resta debout, encore visible aujourd’hui (plusieurs fois restauré lui-même selon les critères de chaque époque) ; il servait alors de clocher et de tour de guet sur la mer. Dès 1591, un passage public fut créé entre les restes de l’église partiellement reconstruite et agrandie, et ce beffroi. Faute de moyens, la restauration, qui permit notamment la création du chœur et de son déambulatoire avec chapelles, ne fut jamais achevée. Une rue même fut finalement percée entre le bâtiment principal et la tour au XVIIIème siècle ; cet aménagement perdure aujourd’hui. 

Passée la grande reconstruction entamée par Jean de Renneville au XVIème siècle, puis abandonnée, l’église telle qu’on la voit maintenant est surtout le fruit de trois grandes périodes de travaux de restauration :

  • Sous la direction de Victor Louis d’abord, à partir de 1782 : les chapelles latérales sont alors réunies pour former deux nefs supplémentaires, de part et d’autre de la nef principale ;
  • Sous la direction d’Adolphe Van Moë ensuite, à partir de 1882 : la façade, qui avait été agrémentée au siècle précédent d’un fronton et de colonnes de style classique, est remplacée par la façade actuelle, de style néo-gothique ;
  • Au XXème siècle enfin, après chacune des deux guerres mondiales : l’église fut récemment restaurée encore après les ravages du feu, comme au début de son histoire (les bombes incendiaires de mai et juin 1940 n’en laissèrent que les murs, encore marqués par ces dommages). 

Le visiteur trouvera donc une petite « cathédrale » plusieurs fois détruite et recomposée, qui témoigne à la fois de l’histoire mouvementée de la ville et des influences et goûts artistiques de la Flandre au fil du temps. 

La fin de l’époque médiévale et l’art de la Renaissance flamande, dont elle tire ses premières fondations, y est toujours particulièrement mise en valeur. Les entrelacs de pierre qui portent les vitraux par exemple, bien visibles si l’on fait le tour de l’édifice, rappellent notamment la clôture protectrice et bienveillante des représentations picturales du « jardin clos » ou Paradis, où Marie et Jésus vivent avec les saints dans une nature clémente. 

Le dépouillement de la pierre blanche et de la brique utilisées pour les murs trouve un écho moderne dans les vitraux : dessinés par Arthur Van Hecke, du Groupe de Roubaix, leur clarté simple, sans ornement ni scène, témoigne à la fois de la guerre qui a détruit les anciens vitraux bariolés, et d’un retour paisible à la lumière de la paix. 

La composition générale du lieu enfin, avec la grande rosace en façade (représentation architecturale de la rose mystique), les nefs délimitées par des piliers élancés (qui font penser à des troncs d’arbre élevés laissant passer la lumière), et le déambulatoire autour du chœur (qui invite le visiteur au cheminement spirituel), inscrivent cette église dans le sillage de la plus belle tradition chrétienne européenne. 

Une église qui donne un aperçu composite et harmonieux à la fois, comme un grand vitrail, de l’héritage et de l’ancienneté de la ville de Dunkerque, au-delà de Jean Bart (dont elle abrite les restes) et de la Seconde Guerre Mondiale (qui l’a aussi violemment frappée). Le grand-orgue moderne, chaque dimanche, accompagne avec puissance et hauteur les cérémonies qui se déroulent encore aujourd’hui dans ce lieu chargé d’histoire. 

Ce qu’en disent les paroissiens, « pierres vivantes » de l’Eglise (Merci à Chantal pour l’attention qu’elle nous a accordée).

Le témoignage de Chantal, 54 ans

Depuis combien de temps fréquentez-vous l’église Saint-Eloi ? 

1 an. Je viens tous les samedis pour le chapelet, et tous les dimanches pour la messe, comme je le faisais dans mon pays d’origine, le Cameroun.

Qu’aimez-vous le plus ici ?

Je me suis sentie chez moi dès le premier jour où je suis venue ici.

Pour mieux vous connaître et faire connaître la vie de nos églises, dites-nous le rôle que vous y jouez si vous en avez un. Sinon, lequel vous intéresserait ?

Je suis simple fidèle. Je prie ici en communauté, et le soir aussi, seule, à la maison. Mon rôle est de prier et d’inviter mon entourage à le faire et à se rapprocher de Dieu.

Comment imaginez-vous l’avenir de la paroisse ? Quels projets encouragez-vous ?

Je suis heureuse des cérémonies et de la paix que je trouve dans cette église ; je souhaite que cela continue, simplement.

Que diriez-vous à quelqu’un qui ne connaît pas l’église Saint-Eloi pour l’y inviter ?

C’est la maison de Dieu. Tout le monde peut y entrer et se sentir chez lui ici, car Dieu est partout le même, pour tous. Même si je viens de loin, j’ai retrouvé ici le même sentiment de familiarité que j’avais dans mon église au Cameroun. 

 

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